Février 2007 à Paris, je participe au grand salon des Médecines Douces réunissant des centaines d’exposants et des milliers de visiteurs. Je danse de joie à l’idée de vivre l’aventure en conseillant les merveilleuses huiles essentielles produites par Jean-Charles (Sevessence).
Parmi les trente-trois essences, une seule me déplait, l’Ylang Ylang. Je trouve son odeur invasive et mon nez la fuit. Au Madagascar, les femmes Malgaches fabriquent des colliers odorants avec cette grande fleur jaune, elles les portent comme parure à leur beauté. Malgré les taquineries rieuses de mon ami, je refuse de porter une seule goutte de ce parfum.
Le deuxième jour du salon, une cliente grimace en sentant le flacon d’huile essentielle d’Ylang Ylang. Je lui confie : « Oui, je suis d’accord avec vous, son odeur est invasive, oppressante… ».
Au même moment, un souvenir d’adolescence remonte à ma mémoire. C’est une photo trônant en évidence à la maison. J’y suis assise sur une chaise, ma mère est debout derrière moi et me serre contre elle. Belle comme toujours, elle est maquillée de paillettes et vêtue d’une robe fleurie. J’ai 15 ans et je me sens mal dans ma peau, j’ai peur de ma féminité naissante et de ses conséquences. Depuis trois ans, ma mère me montre au quotidien combien ce pouvoir féminin est puissant, elle me fait souvent des crises de jalousie, par peur que son jeune deuxième mari s’intéresse à moi.
Le lendemain, de retour sur le stand, je débouche la bouteille d’Ylang Ylang pour la faire respirer à une autre cliente. Son odeur me surprend, elle est chaude, épicée, sensuelle. C’est comme si je la rencontrais pour la première fois. Le parfum m’enveloppe, me relaxe, me caresse… En un instant, je tombe en amour avec cette fleur opulente.
Je réalise alors que l’essence aromatique d’Ylang Ylang m’a offert un cadeau immense, celui d’amener à ma conscience un souvenir désagréable qui faisait obstruction à l’expression libre de ma féminité. Une thérapie olfactive spontanée vécue par la rencontre de deux âmes, l’âme de la plante et la mienne.
Ylang-Ylang, merci de m’avoir rappelée à la douceur, à la tendresse, à la sensualité, au cadeau d’être Femme. En sentant ton parfum, je vibre de plaisir. Quand je te marie à l’orange, tu me ramènes dans mon cœur d’enfant. Et lorsque j’ai l’âme magicienne ou le gout d’enchanter mon aimé, je caresse mes cheveux avec une goutte de ton divin parfum.